La santé par la nature
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L'histoire du PRÉMARIN (2ième partie)

ou comment on a réussi à convaincre les femmes de prendre des hormones de juments


En 1966, quelques extraits du livre d’un médecin de Brooklyn, Robert Wilson, Feminine for Ever, ont été publiés dans les grands magazines américains Look et Vogue. Ce livre, qui fut rapidement un best-seller, assurait que la ménopause pouvait être conjurée et le vieillissement atténué par la thérapie de substitution hormonale à l’œstrogène, car avec la ménopause venait la décrépitude.

Robert Wilson, dans un article pour le magazine Look, donnait une liste de 26 symptômes que la pilule de jouvence pouvait conjurer: irritabilité, anxiété, appréhension, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, douleurs articulaires, mélancolie, palpitations, crises de larmes, faiblesses, vertiges, céphalées violentes, concentration médiocre, perte de mémoire, indigestion chronique, insomnie, pollakiurie (envie fréquente d’uriner), démangeaisons, sécheresse des yeux, du nez et de la bouche, douleurs dorsales, névrose, tendance à boire de l’alcool et à prendre des somnifères et même à envisager le suicide.

Wilson ajoutait, alors que toutes les femmes ne sont pas affectées par la ménopause à ce degré extrême: «Il n’y a pas de femmes qui soient assurées de pouvoir échapper à l’horreur de cette décrépitude vivante.» Des journalistes du New Republic et du Washington Post affirmèrent, notent la journaliste Barbara Seamon et le psychiatre et pharmacologue Gideon Seamon dans leur livre Dossier hormones (1982, Éditions de l’Impatient), que Wilson avait reçu de l’argent de plusieurs laboratoires pharmaceutiques. On connaît la suite de l’histoire. On ajouta à la prescription d’œstrogène, de la progestérone, pour éviter le cancer de l’utérus. Diverses études depuis lors ont démontré les risques de développement de cancer du sein à cause de ces hormones de remplacement. La Presse (10 février 2002) et plusieurs journaux de divers pays ont fait état d’une étude qui a secoué sérieusement l’industrie pharmaceutique et le monde médical. Elle a été effectuée entre 1990 et 1995 sur 705 femmes âgées entre 50 et 74 ans par des chercheurs du Centre Fred Hutchison de recherche sur le cancer, à Seattle, et les résultats ont été publiés dans le journal de l’Association médicale américaine. Les conclusions de l’étude disent que:

– les femmes qui ont pris de l’œstrogène seul ou avec de la progestérone pendant cinq ans ou plus voient leur risque de souffrir d’un cancer du sein augmenter de 70 % par rapport à celles qui n’ont pris aucun supplément hormonal de ce type;

– le risque de développer un cancer touchant les canaux mammaires pourrait augmenter de 50 % avec la prise d’hormones;

– les hormones pourraient entraîner la formation de tumeurs malignes à l’intérieur des glandes mammaires, ce qui représente environ 10 % des cancers du sein.

De plus, on faisait référence dans cet article de La Presse au fait que les médecins ont cru pendant des années que la prise d’hormones de substitution diminuait le risque d’infarctus; mais des études récentes ont démontré le contraire, de même pour la diminution des sautes d’humeur et de la fatigue.

Une autre étude, sous le contrôle du National Institute of Health des États-Unis, auprès de 16 608 femmes âgées entre 50 et 79 ans (la moitié d’entre elles prenaient un médicament contenant de l’œstrogène et de la progestérone, les autres prenaient un placebo), a dû être interrompue avant terme parce qu’on s’est vite rendu compte que l’incidence du cancer du sein était plus élevée chez celles qui prenaient ces hormones que chez celles qui prenaient un placebo. L’incidence d’accidents cardiovasculaires était également plus élevée. The Gazette (25 juin 2003) faisait état que non seulement il y a risque avec la prise d’œstrogènes et de progestérone d’augmentation de cancer du sein, mais qu’à la mammographie les tumeurs sont plus difficiles à détecter.

Ajoutons à cela qu’il y a, avec ces hormones de substitution, risque accru de prise de poids, d’augmentation de la tension artérielle et de la synthèse des protéines hépatiques, notamment de certains facteurs de coagulation entraînant des risques thromboemboliques. Il y a de plus diminution de la tolérance aux hydrates de carbone et risque accru de développement de calculs à la vésicule biliaire.

Tout laisse à penser qu’il existe un lien entre les préparations œstrogéniques et les accidents oculaires d’origine vasculaire, comme la thrombose de la rétine (formation d’un caillot dans l’œil pouvant causer la cécité) et la névrite optique (inflammation nerveuse pouvant causer la cécité). On sait de plus que ces préparations sont contre-indiquées lors de tendances aux migraines et aux phlébites et lors d’historique familial de cancer du sein.

La TSH (thérapie de substitution hormonale) peut également modifier les résultats des tests de laboratoire portant sur la thyroïde, le foie et la circulation sanguine (mentions incluses dans la notice d’utilisation d’Evex [œstrone sulfate de sodium], production laboratoire Syntex). Mentionnons que le Premarin (PREgnant MARes urINe), provenant d’urine de juments gravides, est composé principalement d’œstrone, l’œstrogène que les femmes ménopausées qui ont un cancer ont naturellement en excès. Un taux élevé d’œstrogènes ne protège pas les femmes âgées contre le cancer. L’étude de Siiteri et MacDonald (1966) le démontrait déjà.

On parle souvent, cependant, de l’intérêt esthétique de la TSH (thérapie de substitution hormonale) chez les femmes qui ont, lors de la ménopause, une déperdition brutale d’œstrogènes et une qualité de peau qui les prédispose à un vieillissement accéléré.

Pourtant, 15 autres hormones, à part l’œstrogène, apportent leur contribution aux diverses fonctions de la peau.

Si ces hormones ne sont pas produites en quantité suffisante par l’organisme, la peau se déshydrate et des rides apparaissent. L’œstrogène agit sur l’équilibre hydrique de la peau, mais ce n’est pas sa principale fonction.


Johanne Verdon, ND.A.
Membre de l’ADNQ
Auteure de « Il était une fois la ménopause », Éditions Publistar, 2003
Consultations : 514 272-0018