La santé par la nature
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AVC – Survivre à la bombe

Héloïse Archambault
Journal de Montréal, février 2013

Une jeune femme se remet d’un arrêt vasculaire cérébral qui aurait pu être fatal


La vie ne sera plus jamais la même pour Joanie Loranger et ses proches. Un an après avoir été victime d’un AVC, la jeune femme de 18 ans réapprend à vivre.

«Je sais que c’est arrivé pour une raison. Je ne sais pas encore laquelle, mais c’est pour quelque chose», confie Joanie Loranger, aujourd’hui âgée de 18 ans.

«Un AVC, c’est une bombe dans une famille, ajoute sa mère, Mélanie Giroux. On ne voit plus la vie de la même façon.»

La «bombe» a explosé le matin du 1er novembre 2011, alors que Joanie se préparait pour le cégep dans la salle de bain.

«J’ai vomi, j’ai senti un choc dans mon corps, et j’ai perdu connaissance», voilà ce dont se souvient la jeune femme de ce qui a été plus tard diagnostiqué comme un accident vasculaire cérébral (AVC).

Difficile de croire qu’une adolescente de 17 ans en pleine forme puisse être victime d’un AVC. Pourtant, les spécialistes ont l’impression que de plus en plus de jeunes adultes en font (voir autre texte).

«Les ambulanciers ne voulaient pas l’amener à l’hôpital, ils pensaient qu’elle était gelée sur la drogue!, déplore sa mère. Je leur disais de se dépêcher, parce que je sentais que c’était ça. Même à l’hôpital, l’infirmière a presque ri de moi. Encore aujourd’hui, les gens ne nous croient pas quand on dit qu’elle a fait un AVC.»

Après avoir été transportée à l’hôpital de Saint-Jérôme, Joanie a ensuite été transférée à Notre-Dame. À ce moment-là, elle était paralysée du côté droit. En peu de temps, le diagnostic d’AVC est tombé.


Panique générale

En raison d’une importante hémorragie cérébrale inopérable, les médecins lui donnaient peu de chance de survie.

«Les deux bras me sont tombés, et c’était la panique générale, se rappelle Mélanie Giroux. Toute la famille est venue, on pensait qu’elle allait mourir.»

Or, le lendemain matin, Joanie s’est réveillée comme si rien ne s’était passé.

«Je ne pouvais pas parler, mais j’avais eu conscience de tout. Je savais où j’étais, ce qui s’était passé», explique-t-elle.

Durant ses trois semaines à l’hôpital, son état s’est grandement amélioré. Or, la cause de l’AVC demeure inconnue ; aucun problème génétique n’a été décelé.

Un an plus tard, seule sa cheville droite lui fait encore des misères. Toutefois, bien que Joanie puisse s’estimer heureuse d’avoir aussi peu de séquelles, une telle épreuve a laissé des traces.

«Ça te fait réaliser qui sont tes amis, et je n’en ai presque plus. J’ai dû lâcher le cégep, confie-t-elle. Je suis une personne indépendante, mais je dois apprendre à demander de l’aide.»

«Depuis l’AVC, toute la vie tourne autour de Joanie, ajoute sa mère, qui a fait une dépression après l’accident. Je me suis mise à faire des crises d’angoisse.»


Mal de tête stressant

Et c’est sans compter que la famille compte trois autres jeunes enfants.

«Ils ont tous passé des tests pour assurer qu’ils n’ont rien, mais le stress embarque dès que quelqu’un a mal à la tête.»

Par ailleurs, la famille déplore l’absence d’aide financière pour les victimes d’AVC. Joanie n’avait même pas droit à l’aide sociale en raison du revenu de ses parents.

«Il n’y a rien pour nous aider, c’est très dur, dit-elle. J’espère qu’avec mon histoire, d’autres vont recevoir de l’aide dans le futur.»

Faute de revenu, elle est retournée travailler dans une pharmacie récemment.

«Je prends un jour à la fois parce que je sais que la vie peut changer en une journée. Je ne regarde plus loin en avant.»